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Ahimsa

Patanjali définit Ahimsa comme la non violence et le respect de la Vie. Considéré comme le premier Yama, règle du bien vivre ensemble, il contient tous les autres Yama par les qualités qu’il éveille en nous et par son caractère universel. La violence, qu’elle soit dirigée contre soi-même ou contre les autres, peut prendre différentes formes; les violences physiques et les injures sont les plus apparentes. On trouve également des violences plus subtiles comme l’indifférence, le jugement, vouloir imposer à l’autre une façon d’être, communiquer en accusant plutôt qu’en cherchant à exprimer ce qui se joue pour soi, vouloir à tout prix gagner ou encore posséder (...).


La non violence comme principe de vie yogique

La violence est toujours l’expression du mal-être de l’individu. Patanjali explique que ”Les pensées de violence sont causées par l’impatience et la colère. Peu importe leur intensité, elles engendrent de la souffrance et une confusion mentale qui n’ont pas de fin.” Matthieu Ricard précise que “la colère obéit à la pulsion d’écarter quiconque fait obstacle à ce qu’exige le moi, sans considération pour le bien-être d’autrui.” Autrement dit, notre ego nous pousse à nous identifier aux pensées qu’il produit. C’est lui qui se sent attaqué par un jugement plutôt que de comprendre que cette parole appartient à celui qui la prononce. Ce sont les egos qui font les guerres, qui désirent posséder plus, qui se victimisent, qui veulent être au dessus des autres. L’ego est une cible facile pour la peur, l’avidité, la jalousie, entraînant une déstabilisation de notre mental. Matthieu Ricard explique “qu'en nous attachant à l’univers confiné de l’ego, on a tendance à être uniquement préoccupé par soi. Ainsi, la moindre contrariété nous perturbe et nous sommes obsédés par nos succès, nos échecs, espoirs et inquiétudes; dans cet état, le bonheur a toutes les chances de nous échapper.”


Il est donc important d’apprendre à désamorcer notre colère. Il s'agit d’abord d’apprendre à discerner nos émotions et nos pensées qui entraînent de la souffrance pour nous-même. La méditation de pleine conscience permet d’être un observateur de son état intérieur. Ainsi, on peut simultanément déceler et se libérer de l’émotion et/ou de la pensée automatique néfaste au moment même où elles surviennent, en cessant de les alimenter, en reconnaissant qu’elles n’ont pas d'existence propre, qu'elles ne sont que vacuité, juste de passage dans notre paysage mental.Le yoga nous apprend l’acceptation inconditionnelle de ce qui est, sans identification à nos pensées et à nos émotions qui, comme les nuages dans le ciel, ne font que passer.


En cours de yoga, la non-violence se cultive aussi en respectant ses capacités du moment, sans se violenter ni se blesser, sans se comparer aux autres et en travaillant autant le côté droit que le côté gauche du corps.Pour désamorcer une colère, on peut également utiliser Mushti Mudra, qui permet de contrôler son agressivité et de redistribuer l’énergie créée par la colère de manière constructive. Pour cela, fermez les poings en mettant les pouces par-dessus les autres doigts. Le bout des pouces touche la deuxième jointure des annulaires. Les mains sont posées sur les cuisses, doigts dirigés vers le sol. Imaginez que vous mettez votre colère au centre de vos poings, puis serrez les poings pour la réduire en poussière. Au bout de quelques minutes, relâchez vos mains et soufflez dans vos paumes pour laisser les restes de poussière de colère s’envoler.


S’ils ne sont pas résolus, nos état de souffrance affectent, en cascade, nos relations aux autres et au Monde. Tout en continuant le travail sur soi-même, Ahimsa nous invite au respect de l’autre dans sa différence, sans jalousie ni désir de possession. Il est important de comprendre que notre vision du Monde n’est qu’une partie de la carte et non tout le territoire.Afin de faciliter les relations aux autres, Marshall Rosenberg a créé la CNV, ou communication non violente. Utilisée notamment dans la gestion des conflits internationaux, c’est un outil intéressant du quotidien pour apprendre à communiquer avec bienveillance et empathie, tout en prenant la responsabilité de nos émotions.


De plus, Patanjali explique que : “Lorsque quelqu’un est installé dans la non-violence, l’hostilité autour de lui disparaît." Plus il y aura de personnes cultivant la non-violence dans le Monde, plus leur rayonnement sera important, installant plus d’amour et de bienveillance dans nos sociétés. Shantideva, un philosophe indien, l’exprime ainsi : ”Combien tuerais-je de méchants ? Leur nombre est infini comme l’espace. Mais si je tue l’esprit de haine, tous mes ennemis sont tués en même temps”.


C’est bien en entraînant son esprit à l’humilité, à la compassion et à l’amour altruiste qu’on élimine peu à peu la haine, car ces états contraires ne peuvent cohabiter en même temps.Matthieu Ricard pense que “le but de l’existence est bien cette plénitude de tous les instants accompagnés d’un amour pour chaque être et non cet amour individualiste que la société actuelle nous inculque en permanence. Le vrai bonheur procède d’une bonté essentielle qui souhaite du fond du cœur que chacun trouve un sens à son existence.”


Plus largement, Ahimsa parle de la non-violence envers tous les êtres vivants, notamment envers les animaux en encourageant notamment le végétarisme et l'arrêt de l’exploitation animale. De façon globale, Ahimsa s’étend à l’entité vivante qu’est la Terre, en supprimant les actions violentes et destructrices envers la Nature et ses écosystèmes pour, enfin, protéger la Vie sous toutes ses formes.


Pour que demain soit un nouveau Monde, prenez conscience de vos états intérieurs, sans vous identifier à eux, et surtout soyez doux avec vous-même yogis.Enfin, cultivons ensemble, au quotidien, la bienveillance et l’amour universel afin de créer une société plus tolérante, plus résiliente, plus heureuse.


OM SHANTI

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